هل تعرف أسماء هذه الأشياء ؟ 2024.

الجيريا

الجيرياالجيريا

أحنا عندنا نقولوا :

المَنْـــسَـــج ْ

الجيريا

القَـــرْداش و المَغْـــزَل

الجيريا

القَـــرْداش

الجيريا

المشَــطْ

الجيريا

الخُـــلالـَـة

الجيريا

الجيرياالجيريا الجيريا

نفس التسمية بالنسبة لولايتيالاصلية اما هنا في البليدة فلست اتدري هههههههه

خاطيني النسيج.

اقتباس:
المشاركة الأصلية كتبت بواسطة لمياء82 الجيريا
نفس التسمية بالنسبة لولايتيالاصلية اما هنا في البليدة فلست اتدري هههههههه

الجيرياالجيريا أرجو الإفادة إن عرفت الجيريا

اقتباس:
المشاركة الأصلية كتبت بواسطة abdel02 الجيريا
خاطيني النسيج.

الجيريا

لكن فرصة لتعرف بعض أسماء الأدوات المتعلقة بالنسيج التقليدي و بلهجات مختلفة لإثراء الرصيد الجيريا

الجيريا

شكراااااااا لكما و بارك الله فيكما

يالنسيةللمنسج نطلق عليه اسم/السدية /باتنة و بعض ولايات الشرق اما بالنسية للادوات الاخري نفس التسمية

والله ما نعرف بصح القرداش نقولو هكذاك

والاولى وقيلا يقولولها السداية

السلام عليكم

نفس التسمية عندنا كذلك

اقتباس:
المشاركة الأصلية كتبت بواسطة ناصرة الجيريا
يالنسيةللمنسج نطلق عليه اسم/السدية /باتنة و بعض ولايات الشرق اما بالنسية للادوات الاخري نفس التسمية
اقتباس:
المشاركة الأصلية كتبت بواسطة ♥ إبداع سرمدي ♥ الجيريا
والله ما نعرف بصح القرداش نقولو هكذاك

والاولى وقيلا يقولولها السداية

الجيرياالجيريا

الجيرياالجيرياالجيريا

شكراااااااااااااااا على الـــرد

حنا لقبايل نقولو
1………azetta
ازطا
الباقي نسيتهم

Merci pour ce beau sujet, alors je vous met le texte au complet qui décrit notre tradition, ce texte est tiré de ce site, que je conseille à tout ceux qui s’intéressent à notre culture.

https://touggourt.zzl.org/elmajadj-lemetie/index.html

El Manjadj wella El Menssedj – Le Metier à Tisser

الجيريا

Le travail de la laine à Bou-Saâda

Bou-Saâda, cité du bonheur, est une oasis touristique du Sud algérien, située à 250 km d’Alger. Sa palmeraie longue de huit kilomètres, large de deux, se détache par son vert sombre sur l’immense ceinture de sable doré qui l’entoure. Ces seize kilomètres carrés de culture, d’ombre et de verdure qui forment un havre rafraîchissant pour le voyageur et le touriste ne constituent qu’une maigre ressource économique pour les douze mille âmes qui habitent l’agglomération, aussi les habitants tirent-ils leur subsistance d’autres ressources telles que l’élevage du mouton, le commerce et l’artisanat. La région se prête fort bien à l’élevage, couverte telle qu’elle est par de l’alfa et d’autres plantes aromatiques dont le mouton est friand . La commune aussi vaste qu’un département français est peuplée de soixante mille habitants vivant sous la tente et en relation continuelle avec les douze mille citadins de la ville. Ceux-ci placent leurs économies dans des moutons qu’ils confient à la bonne garde des nomades moyennant des rétributions fixées par l’usage. Ces nomades, chargeant leurs tentes sur les chameaux, changent de campement tous les mois à la recherche de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux ; à l’approche du printemps les citadins viennent à la campagne, partager leur vie nomade. Trois mois durant ils vivent sous la tente, cette tente même qu’ils tenaient pliée dans un coin de la maison, le reste de l’année. Kharja irab’û est l’expression qui traduit cette transformation de vie citadine en vie nomade qui permet aux bébés de vivre au grand air et au soleil, au maître de la maison de connaître " de visu " le croît de son troupeau, de le dénombrer et de récolter son produit en beurre et en laine.
LA TONTE
Le jour de la tonte des moutons est considéré comme jour de fête à la campagne. Elle a lieu fin avril et consiste à débarrasser le mouton de son épaisse robe à l’approche des chaleurs, précoces dans le Sud. Comme il n’y a pas d’ouvriers salariés on fait appel aux bonnes gens du douar qui ne refusent pas le concours à cette entraide twiza. Au matin convenu chacun vient, muni de sa faucille sans dents mzajja et l’on chante pour vaincre les fatigues,
l’on mange, l’on boit du petit lait lban. Le propriétaire du troupeau égorge un mouton pour offrir un couscous à la viande aux tondeurs. Il le faut bien puisque c’est un travail non rémunéré, et chacun d’eux peut tondre trente moutons dans la journée. La laine provenant de chaque bête est pliée, attachée pour présenter la forme d’une tranche de melon. C’est la toison jezza qui pèse près de deux kilos, mais une fois lavée ne pèse plus qu’une livre et demie. De couleur fauve, elle est chargée de sable, de brins d’herbe, de graines, d’épines hessak que l’animal a ramassés autours de ses pâturages. Les toisons chargées ensemble par trentaine, dans de vieux tapis, attachées par des cordes, forment de gros ballots chlîff qu’on transporte à dos d’ânes ou de chameaux vers la ville. Une partie de cette laine est vendue au marché pour payer les impôts et acheter les provisions de bouche, l’autre est réservée aux besoins de la famille qui en tire encore une bonne partie de ses vêtements et de ses couvertures.
LE TRAVAIL DE LA LAINE

الجيريا

La mère de famille aidée de ses filles ou de ses brus se rend à la rivière pour procéder au lavage de la laine sale udhah ; on charge laine, linge sale et ustensiles à dos d’âne et l’on part généralement de bon matin vers l’oued pour y passer la journée. C’est l’occasion d’une sortie au grand air pour ces femmes recluses dans la maison. Voici comment on procède au lavage : on creuse au bord de l’oued un trou de cinquante centimètres de profondeur et d’ouverture, on le tapisse d’un vieux linge (vieille chemise), on y dépose la toison qu’on saupoudre de terre glaise terba qui joue le role de savon puis on verse là-dessus de l’eau chaude qu’on a eu soin de faire bouillir dans un chaudron stal ou un vieux bidon à pétrole. On bat la toison pendant une vingtaine de minutes à l’aide d’une branche de palmier karnâfa taillée en battoir. Le suint est dissout grâce à l’eau bouillante et à la terre glaise. On relève les bords du linge et l’on porte la laine désiuntée près d’un courant d’eau peu profond et rapide pour procéder au rinçage. Pour cela on frotte la laine entre les doigts, on sépare le, flocons afin que l’eau puisse emporter les matières terreuses ; on plonge et replonge les flocons dans l’eau courante, on les serre dans la poignée et quand la laine est blanche comme neige on la jette sur un linge propre posé sur quelques pierres au bord de l’eau. On laisse égoutter pendant une journée et une nuit, après quoi on étend la laine au soleil sur la terrasse stah pour un séchage complet nchir. La laine sèche est battue à l’aide d’un bâton flexible muchhat, branche de grenadier décortiquée. Cette opération consiste à séparer les fibres textiles que les manipulations précédentes auraient resserrées les unes contre les autres.
On ouvre la laine entre les doigts et on la débarrasse de tous les corps étrangers qu’elle contient et que l’eau courante n’a pas pu emporter : crottes de moutons, brindilles, graines, épines, débris végétaux ramassés au cours des pâturages.
TRIAGE
La laine est triée par les femmes arabes. La partie blanche fine et de fibre longue suf artab est mise de côté pour être réservée au tissage des beaux burnous blancs Bou-Saâdî fort réputés. La partie grise, à fibre courte et grosse suf ahrach est réservée à la confection des couvertures et tapis. La laine accapare toute l’activité artisanale dans la région.
PEIGNAGE
La partie fine et blanche est soumise au peignage mchit pour en extraire la chaîne gyâm. Le peigne est un instrument fort simple composé d’une planche longue de 1 m et large de 20 cm. L’une de ses extrémités est plantée de deux rangées de dents en fer snân hautes chacune de quinze centimètres. II est placé devant l’ouvrière qui, assise à la turque sur un tapis, saisit la laine et la présente aux dents qui l’accrochent au passage. Quand le peigne est garni, elle arrache cette laine et forme une mèche longue et bien peignée sawt, pi. aswât qui sera filée. Tandis que le résidu retenu dans le peigne est placé de côté pour la fabrication de la trame : tua’ma.
CARDAGE
Ces débris mélangés à la laine courte sont livrés au cardage. L’instrument en est la vieille carde qardùch à main fabriquée par les Kabyles et composée chacune d’une planchette en bois de 20 cm sur 15 cm. L’une de ses faces est munie d’une peau de mouton jild plantée de dents métalliques recourbées. Un manche permet de les saisir- et de les actionner. L’ouvrière assise par terre tient la carde inférieure immobile sur son genou gauche plié et actionne de sa main droite la carde supérieure en lui imprimant un mouvement continuel de va-et-vient. L’opération n’est guère aisée à faire toute la journée, c’est pourquoi elle n’est jamais confiée aux jeunes filles. Le léger flocon de laine formant couche entre les cardes est roulé en mèches qu’on recueille dans un plateau tebag, pi. atbaag pour les destiner au filage de la trame.
FILAGE DE LA LAINE
Les instruments utilisés pour cela sont la quenouille luggâta et le fuseau sunnâra. La quenouille est formée d’un mince roseau long de quarante centimètres, surmonté de quelques plumes multicolores ; on enroule tout autour les mèches peignées aswat destinées à être filées. Le fuseau comprend une petite broche en bois de l’épaisseur d’un crayon zàna, pi. zânàt longue de vingt-cinq centimètres, garnie à l’une de ses extrémités d’une armature métallique en forme de hameçon dhabbâna où s’engage le bout du fil. Elle porte en outre une rondelle massive adhérente thuggàla qui fait office de volant. L’ouvrière attache l’extrémité libre de la mèche à l’armature métallique et imprime au fuseau, avec la main droite ou la main gauche un rapide mouvement de rotation en le lançant dans le vide. Elle effile la laine et la torsion se répartit sur la longueur comprise entre la quenouille et le fuseau. Elle se tient de préférence sur une terrasse, au bord d’une ouverture pratiquée dans le toit rûzna de façon à donner plus de longueur au fil tordu en laissant descendre sous son propre poids le fuseau qui tourne sur lui-même. Le fil ainsi tordu est enroulé autour de la broche zàna. Il faut filer une journée entière pour garnir l’espace compris entre les deux rondelles. La rondelle inférieure razzâna a été ajoutée pour augmenter le poids du fuseau qui permet d’obtenir un fil plus fin. La confection d’un burnous nécessite quinze fois cette quantité soit l’ouvrage de quinze jours qui pèse une livre. Heureusement que les filatures de Lille et Roubaix fournissent actuellement un fil fin et bien tordu qui supplée avantageusement au produit de ce laborieux travail. On commence à l’employer dans le tissage domestique sans préjugés.
FILAGE DE LA TRAME gzîl
L’ouvrière assise sur une peau de mouton haïdûra a la jambe droite à demi ployée et nue, le genou levé. La laine cardée est placée à sa gauche. Le fuseau magzal comprend une broche zàna de la grosseur de l’auriculaire, longue de 45 cm et portant une rondelle thuggàla de sept centimètres de diamètre placée à son extrémité qui pivote dans une écuelle en bois bâgiya. Attachant l’extrémité d’une mèche rita à l’extrémité supérieure du fuseau, l’ouvrière lui imprime un mouvement de rotation en frottant le haut de la tige contre sa jambe nue. Elle laisse tourner le fuseau et étire la laine qui est tordue en fil grossier et lâche gzal ou tua’ma. On en fera des écheveaux lawâha qu’on lavera pour les utiliser dans le tissage. Six cent grammes de trame sont nécessaires pour la confection d’un burnous.
Avant d’être utilisés les fils de la chaîne sont passés à la vapeur, on les place dans un couscoussier keskes pendant une demi-heure surmontant une marmite où l’eau bout. Les fils de la trame sont, soumis à un lavage méticuleux au savon et aux vapeurs sulfureuses kabrit. Très souvent l’hiver surprend la mère la famille alors qu’elle n’a pas préparé tout le fil nécessaire au tissage des habits de ses enfants. Elle fait appel à l’entraide twiza qui consiste à inviter un certain nombre de jeunes filles travaillant pour elle sans la moindre rétribution. Mais elle leur offre à manger. Les jeunes filles en quête d’un mari rivalisent d’effort car on les apprécie ce jour-là. Il se trouve toujours dans le groupe une vieille femme qui lui fait de la réclame et la vante à d’éventuels beaux-parents. La besogne en gagne en activité et ainsi se trouve filée toute la laine nécessaire à la famille. Mais c’est une dette contractée à leur égard pour la maîtresse de maison dont elle s’acquittera dès qu’on fera appel à elle ou à ses filles.
LE METIER A TISSER mansaj pi. manâsij
Le métier à tisser burnous, gandouras, haïks et couvertures, le seul en usage dans la région de Bou-Saâda, doit être, vu sa simplicité, le même depuis la plus haute antiquité ; depuis que l’homme apprit à tisser ce dont il a besoin pour se couvrir. Il se compose de deux ensouples khachba, pi. khachbât ayant chacune 3 m 50 de long, à section rectangulaire de 16 cm sur 8 cm terminée aux deux extrémités par une fourche en pied de biche dont l’ouverture a 8 cm, sur l’une des arêtes se trouvent des trous percés de dix en dix centimètres pour fixer la chaîne à l’ensouple enrouleuse al khachba at tahtaniya. A un mètre cinquante plus haut se trouve l’ensouple dérouleuse al khachba at-fawganiya parallèle à la première et retenue par des cordes târfa, pi. tawâref.
Aux quatre fourches de ces deux ensouples s’engagent deux perches gayma, pi. guâyem de 8 cm d’épaisseur, munies à leur base d’un trou de 3 cm 5, et à leur base d’un crochet où s’attache la corde qui tend la chaîne et retient l’ensouple supérieure. Ces deux perches verticales sont immobilisées à leur place par deux barres horizontales en bois mallûch, pi. mlâlich scellées au mur qui se trouve derrière le métier à tisser. Les cordes târfa, pi. tawaref retenant l’ensouple dérouleuse permettent de maintenir la chaîne à la tension voulue. Tandis que l’ensouple enrouleuse est retenue par les deux chevilles haddâr, pi. hdàdir engagées dans les deux trous aménagés à la base des perches verticales gwâyem. La chaîne vient se fixer aux trous de l’ensoupleau par un fil en coton saffâha. Elle ne se rattache pas directement à l’ensouple dérouleuse, elle est d’abord fixée à un fin rouleau maniyâr en bois de la grosseur d’un roseau, lequel rouleau est attaché à l’ensouple par une cordelette sefras en poil de chèvre, gros comme le doigt. Trois roseaux lisses gasba, pi. gasbât permettent de croiser les deux nappes de la chaîne. Le plus haut, reste immobile et sépare, de son épaisseur, ces deux nappes dont chaque fil est engagé dans la boucle d’un fil nîra, pi. nirât en coton appelé remisse supérieur nîra fawgâniya. L’autre remisse nira tahtaniya se trouve placé à 70 cm du sol et permet de croiser les deux nappes quand on baisse ou on relève un troisième roseau libre rûh. Une perche cylindrique tirâgla fixée au mur à l’aide de crochets tire constamment sur le remisse inférieur au moyen de ficelles jabbàd, pi. jbâbîd en poil de chèvre. Un nœud doux permet d’en régler la tension. Pour introduire la cheville haddâr dans le trou de la perche verticale, l’ouvrière monte sur l’ensoupleau et use de son propre poids pour le faire baisser puis engage la cheville dans le trou ; la chaîne est tendue davantage. Afin de la maintenir à la même largeur elle se sert d’un instrument addàda qui vient mordre à la lisière hâchiya, pi. hwâchi et tire le tissu à droite et à gauche. Il se compose d’un revêtement gandùra métallique en forme d’aimant portant un trou à sa base, là-dedans s’engage un morceau de bois jarwa, pi. jarwàt taillé en biseau adhérant à l’armature métallique. Un crochet ‘aggar tire dessus et la relie par une grosse ficelle jabbàd à la perche verticale. La lisière du tissu engagée entre le fer et le bois se trouve comme pincée et elle est tirée vers la droite ou la gauche du métier à tisser. On a eu soin bien entendu, d’éviter le contact direct du tissu avec l’instrument décrit ci-dessus en enveloppant la lisière d’un morceau d’étoffe.
Ourdissage ET MONTAGE DE LA CHAINE SUR LE METIER
Pour ourdir la chaîne deux femmes s’assoient à la turque et plantent devant elles dans le sol deux pieux malzam pi. milâzim en fer distants l’un de l’autre de 4 m 80 environ, longueur de la chaîne d’un bournous pour un homme de taille moyenne. Une partie bien entendu de la chaîne sera nécessairement perdue car il sera impossible de la tisser toute. Une cour non pavée ou un coin de jardin sont tout indiqués pour l’ourdissage car il faut planter profondément les deux pieux et le roseau autour duquel doit s’enrouler le remisse. L’une des femmes assises engagera le fil de la chaîne dans les boucles de la seffâha et de la nîra au pieux et au roseau. L’autre femme les engage dans les boucles de la seffàha au pieu. Une troisième personne généralement une jeune fille de quatorze ou quinze ans, tenant à la main une pelote de chaîne kabba, pi. kabbât entreprend pendant deux heures un va-et-vient ininterrompu entre les deux femmes et leur sert le fil qui fait le tour des pieux et du roseau.
Cette opération sediya terminée on arrache les deux pieux et l’on tend la chaîne sur toute sa largeur, soit 1 m 80, qui est à peu près la longueur d’un burnous ou d’un haïk. Pour tendre la chaîne on fait appel à de fortes personnes pour soulever les lourdes ensouples. On l’attache aux trous de l’ensoupleau par asseffâha et au moment de l’enrouler autour de l’ensouple supérieure on a soin de la maintenir à la même largeur pour garder le même espace entre les fils successifs, afin que le tissu soit ferme. Les deux ensouples sont mises en place et l’on s’occupe du remisse inférieur an-nira al tahtaniya, le supérieur ayant été déjà placé au moment de l’ourdissage sedwa. Cette opération consiste à engager tous les fils pairs ou impairs de la chaîne dans les boucles de ce remisse après quoi le tissage proprement dit commence.
TISSAGE nsij
La femme qui tisse s’assied sur une natte ou un tapis face à la chaîne ; elle introduit le fil de la trame entre les deux nappes de la chaîne elle se sert de sa main droite, ouverte, la paume tournée vers la poitrine. Saisissant le bout du fil entre les deux doigts (majeur et annulaire) elle le tire de gauche à droite en tenant serré bas, le roseau libre rûh à l’aide de la main gauche. -Elle baisse ce fil avec l’index de la main droite, le rapproche de la partie déjà tissée puis elle le serre avec un peigne khlâla en fer, Elle relève ensuite le roseau libre pour croiser les fils des deux nappes et introduire un nouveau fil de trame et la même opération recommence.
Quand le tissage atteint quarante ou cinquante centimètres de hauteur on l’enroule autour de l’ensoupleau. L’ouvrière détend chaîne et tissu, frotte la partie tissée avec une boule fâtûsa de gypse cuit au four et pétri à la main. II tient lieu d’amidon ; elle frotte ensuite avec une espèce d’étrillé mhakka coupée dans la base d’une branche de palmier jrîd. Les fibres fines et serrées en font une brosse dure et permettent d’égaliser la surface du tissu. Ce travail de toilette terminé le tissu est enroulé autour de l’ensoupleau ; selon que celui-ci fait sur lui-même un tour complet ou un demi-tour seulement on dit : tayya ou nuss tayya et on le couvre soigneusement avec un linge propre. Puis on déroule la chaîne faisant faire un tour ou un demi-tour à l’ensouple dérouleuse et le tissage recommence. Celui du burnous présente certaines particularités à cause des pans jnâh, pi. jenha et du capuchon galmùna ou galouza. L’ouvrière confectionne d’abord le premier pan en le tissant de biais. Le tissage devient de plus en plus large au fur et à mesure qu’il avance. Quand elle a tissé trois coudées dhrâ’, pi. dharoua et un empan chbar, pi. achbâr, elle juxtapose un supplément de chaîne large de 0 m 50 sur le bord droit et elle tisse une longueur d’étoffe de trois coudées joignant ainsi au corps même du burnous, sans solution de continuité, le capuchon galmûna. Trois ouvrières sont à peine suffisantes pour tisser car le métier devient trop large. Des femmes habiles nassàja, pi. nas-sajât offrent leurs services moyennant un salaire journalier, dérisoire d’ailleurs mais on leur donne à manger. La chaîne supplémentaire coupée, on ne travaille plus que sur la longueur de la chaîne initiale et un nouveau biais commence ; une seule femme suffirait alors pour terminer le second pan jnâh qui est aussi de trois coudées et un empan. Quand un burnous ou une pièce d’étoffe sont terminés l’ouvrière est obligée de laisser entre le tissu et l’ensouple une certaine longueur de chaîne initiale, haute environ de 70 cm gtâ’a et qu’on coupe pour libérer gli’ la pièce d’étoffe. Les bouts de fils noués entre eux ‘agda entrent dans la chaîne d’une couverture ou d’un tapis de peu de valeur.
Sur ce métier à haute lisse la mère de famille tisse chaque année une paire zwija de burnous pour son mari, l’un des burnous est blanc comme neige, l’autre est gris pour lui servir de cache-poussière khâm. Elle tisse des burnous rayés de couleurs zargùta, pi. zrâget pour les enfants de moins de dix ans, des haïks pour ses filles et pour elle, des couvertures pour se préserver des rigueurs de l’hiver, des tapis de haute laine zarbi’ya, pi. zrâba pour garnir et orner le salon, des coussins, des oreillers. Elle est aidée par ses filles ou ses brus qui vivent d’ailleurs dans la même maison. Ces femmes passant souvent plusieurs jours recluses à l’intérieur se créent des occupations pour lutter contre l’ennui et trouvent un agréable passe-temps dans le travail de la laine.
Elles lavent la laine, la nettoient, la cardent, la peignent, la filent et la tissent mais des événements viennent de temps à autre interrompre ces pénibles travaux. Ainsi les femmes interrompent leur besogne toutes les semaines du jeudi à midi au vendredi à midi. De même elles s’octroient quelques jours de congé à l’occasion des fêtes musulmanes. Ainsi la femme qui ne s’arrête pas de travailler durant la fête de l’Achoura sera sujette à la tremblote.
S’il y a un deuil dans la famille ou chez les voisins tout travail cesse et l’on couvre le métier d’un tapis pendant quatre ou cinq jours ‘utla. Cependant achever un tapis de haute laine c’est l’occasion aussi de certaines réjouissances. On achète de la viande nafga ce jour-là, comme aux jours de fête a’îd, pi. ayâd, de la pâtisserie, du henné que les femmes appliquent à leurs mains afin de les rendre aptes pour un autre ouvrage .
DJEDOU.

Les Femmes d’Oued Righ quand elles veulent engager un Mensedj , elles réuniront leur quote-part de farine, graisse, bois, thé, chacune un peu. Elles mangeront ensemble; cela s’appelle " le repas de la générosité ".
Il y a des femmes qui, lorsque retentit l’appel à la prière d’El fadjr, se lèvent, prennent de la laine et vont chez les voisins travailler. Elles font de la lumière. Si elles veulent, elles rassemblent un peu d’argent pour acheter de l’huile pour garnir la lampe et travailler. Elles chanteront pour ne pas s’endormir.
Elles travaillent depuis l’appel d’El fadjr jusqu’àu Sobh , elles vont chez elles prier, déjeuner et reviennent au travail. Ce travail a nom " le Pont " (allusion au Pont au-dessus de l’Enfer). Elles ne travaillent pas de nuit; on dit que c’est (un ordre) de Dieu. On en tire présage. Les clercs leur disent : " Ne travaillez pas de nuit, jusqu’avant l’aube ". Elles travaillent au début de la nuit, peu nombreuses sont celles qui en tirent présage. Le vendredi elles ne travaillent pas la laine .
Deux femmes qui travaillent très vite, tissent un burnous en cinq jours d’été (longs). Si elles ne travaillent pas vite, elles y mettent un mois où les nuits sont longues.
Deux femmes, si elles vont vite, tissent trois enroulements (d’ensouple) dans une journée d’hiver (courte) d’un tissage uni, sans figures. Si c’est l’été, elles tisseront quatre enroulements ou cinq. Elles ne se lèvent pas pour cuisiner ni pour tout autre travail que le tissage devant lequel elles sont. Et même pour lisser et pour enrouler…
Si une femme (décide) de faire un grand vêtement un burnous, un " hambel " (tapis-teinture ras), un tapis, un surtout-capote (cachabia), une couverture épaisse longue ou courte, ses parents et ses voisins viendront et seront présents le jour où elle montera le métier, ils l’aideront et parfois lui feront la cuisine chaque jour. Ils lui présenteront un plat de couscous suffisant pour toutes celles qui tissent. On lui prépare de la galette fourrée. Celle qui ne peut préparer un couscous apportera du pain seul (sec). On ne cuisinera pas dans la maison jusqu’à la fin du tissage.
Cette bonne action est dite " Salfiya " et entraide. Entraide gratuite : je travaille pour toi, tu me rendras mon travail. Sorte de bons offices.

Lavage de la laine
Quand on achète des toisons, on les emporte a l’oasis, on les jette dans le bassin-lavoir. On y jette de l’argile jaune, on y verse de l’eau, on piétine la laine avec les pieds et on la bat pour que sorte la crasse.
On la retire du lavoir, on la lave dans le grand bassin. On la jette dans le petit bassin-déversoir en mettant une palme sèche dans le conduit par où l’eau sort vers la rigole afin que ne s’échappe pas la laine. L’outre de puisage verse l’eau et se vide sur la laine qui se purifie.
On la transporte, on la pose sur du sable blanc propre pour qu’il en absorbe l’eau. Elle en sortira propre et légère.

Battage de la laine
On emporte la laine à la maison, on l’étend un ou deux jours dans une chambre. On laisse passer deux jours et on va prendre un bâton de quenouille avec lequel on frappe sept fois cette laine, en récitant des invocations disant :
" Pureté et bénédiction ! " Qui te voit soit satisfait ! " Qui te revêt soit réchauffé ! "Qui te travaille gagne mérites ! " O laine de Dieu ‘ "
On la frappe avec le bâton de quenouille pour que cela porte bonheur au travail, car la quenouille possède la bénédiction. Les anciens recommandaient en disant : " Même la maison dans laquelle il y a une quenouille, sur elle descendra la bénédiction ". Si on ne la frappait pas avec la quenouille sept fois, ce qui est chez eux un rite, cette laine n’aurait plus qu’à être mise au rebut, elle serait sans beauté; on la mettra dans un sac de toile dont on fera coussin.

Préparation du fil de chaîne
a) le Triage
Une fois asséchée la laine, ni sèche ni trempée, entre deux, on la trie, on enlève les brindilles et les petites graines épineuses (El Hska). On met à part la laine de couleur sombre et aussi la laine blanche. La laine de couleur sera mise à la teinture, la blanche sera pour les vêtements blancs.
b) Mise au point de la chaîne
Les femmes se mettent à peigner. Elles placent la laine sur les dents du peigne et la mettent au point. Elles peignent au moyen du peigne à main. Dès que le peigne à main est plein de laine de chaîne, elles en tirent des mèches. Quand elles ont enlevé une mèche du peigne, il reste de la laine sur le peigne à main. Elles l’enlèvent. Cela s’appelle " peignage "(Tamchat).
Elles amassent beaucoup de mèches, les trient et les lient en paquets.
Celle qui n’a pas de peigne va chez le voisin et sollicite un peigne " Machat " pour peigner. Les gens font des dotations pieuses (habous) de peignes à laine, d’ensouples, de chaudrons à teinture. Ils font cela pour Dieu au profit de ceux qui sont dépourvus. Ils les inscrivent dans leur testament et elles se perpétuent de génération en génération. Tout le monde peut les utiliser, c’est à la discrétion de celui qui l’emprunte. Le peigne travaille sans cesse, plus que les ensouples.
Le propriétaire de ces objets les place dans une maison " habous ". Le paiement du loyer de cette maison consiste à faire réparer ces outils quand ils sont détériorés. Lorsque se casse une dent de peigne ou bien qu’elle est émoussée, on la porte au menuisier pour la faire réparer. Quand un (de ces objets) est à bout de service on le remplace par un neuf.

c) Filage
Les femmes mettent un paquet de laine à la quenouille, elles la tirent et filent la chaîne au fuseau (en se tenant) sur une caisse ou une marche d’escalier, ou bien la femme se tient debout à la terrasse.
Là où le fil de chaîne est trop fin, cela s’appelle " minceur "; là où il est trop gros,
cela se dit " enflure ". Une femme, la meilleure des femmes file une chaîne régulière où il n’y a ni minceur ni enflures.
La femme qui s’y connaît à Piler la laine est une maîtresse ouvrière qui sait déjà travailler la laine. Elle peut faire un tissage toute seule : elle prépare et tisse, car on ne peut prétendre savoir filer la chaine sans passer par la préparation de l’ensemble de la chose.
Lorsque les femmes qui filent se tiennent au bord du patio (à la terrasse) une femme peut faire descendre le fuseau tournant dans le patio. Elle tire la laine de chaîne avec deux doigts, avec le pouce et avec le doigt dont elle se sert pour lécher le plat (à couscous) appelé aussi index. Quant au fuseau, elle le fait bien tourner vers le pied, qu’il tourne fort. La femme commence à filer ainsi jusqu’à ce que (le fuseau) atteigne le sol en bas. Ce fils de chaîne qui se tord, elle le tord dans sa main et, faisant monter le fuseau, elle répète encore une fois la torsion et le fait redescendre vers le bas, le fuseau toujours tournant, en ayant soin de bien parfaire la torsion du fil, elle enroule ce fil sur le fuseau, puis continue.
Quand elles ont réuni des fuseaux (garnis, achevés), elles en garnissent quatre, cinq, selon le nombre de femmes, elles les pelotonnent, les mettent en pelote.
Quand elles ont réuni dix fuseaux, elles en font une grosse pelotte (Koubba) dont le nom est " moitié de chaîne ", (car) deux " moitiés de chaîne " sont ce qu’il faut pour (tisser) une pièce légère (haouli).
d) Vaporisation
Quand on a fini la préparation, on prend les pelotes, on les met dans un couscoussier pour les passer à la vapeur, que la vapeur les pénètre jusqu’à l’intérieur de la pelote et qu’il n’y ait pas en elle de " tortillons ".
Ou bien on foule la pelote dans l’eau avec un peu de dattes. On prend la pelote, on la jette dans un vase de terre cuite. On y verse de l’eau, on y écrase des dattes et on y ajoute du sel. On y jette la pelote. On prend une lourde pierre avec laquelle on se met a fouler la pelote au milieu du vase. (La pelote) absorbera toute l’eau. On la sort et on la pose sur de la cendre qui absorbera son eau. On la met au soleil, qu’elle sèche.
Ce travail n’est pas propre, et agit ainsi celui qui n’est pas soigneux. Le mieux, c’est la vaporisation ; c’est propre et cela ne laisse pas de tortillons.
. – Ourdissage
Les femmes n’ourdissent jamais un mercredi : on en tire augure. Elles plantent des piquets de fer dans le sol. Si la maison est petite elle ne suffit pas pour monter une grande pièce (haouli) on la monte chez les voisins ou à la terrasse.
Deux femmes arrivent dont l’une se tient près d’un piquet et l’autre près du second piquet. Au premier fil de chaîne, on frappe d’abord la pelote contre terre. On frappe cinq fois, en disant : " Un, deux, trois, quatre, cinq dans l’œil du diable ! " en arabe. Elles ajoutent cinq coups contre terre avec la pelote. Quand elles ont fini " cinq ", elles disent : " Tunique de Bouzid ourdirons, qu’il en reste ! "(3). Elles commencent à ourdir en se lançant entre elles la pelote, l’une l’envoyant à l’autre, l’une la faisant passer derrière le piquet, l’autre devant le piquet. Il se produit un entrecroisement. Chaque fil est fixé par la chaînette.
Quand elles ont rempli les piquets, une dit à l’autre : " Fixe la boucle d’arrêt, tassons la nappe ! ".Car, si elle ne fixe pas la boucle d’arrêt, il arrivera qu’un fil de chaîne sera tendu pendant qu’un autre sera trop lâche. Elles se remettent à ourdir, continuant.
Elles tirent présage, disant ; " Si quelqu’un enjambe, le tissage deviendra pénible, il n’ira pas rapidement, et la fille, de plus, sera dépréciée, elle ne se mariera pas avant d’avoir vingt ans.
Elles finissent l’ourdissage, l’attachent avec une ficelle pour qu’il ne s’embrouille pas et elles l’enveloppent dans un coupon d’étoffe.
Si quelqu’un veut tisser un voile de tète ou un voile rouge, un tapis, un châle noir, il l’ourdit d’abord, le lie en haut, le lie en bas et le met dans un chaudron pour être teint. On ne le laisse pas cuire trop longtemps, on le retire, on y met la trame, on remet (la chaîne) par dessus (la trame) pour achever la teinture. Quand on veut retourner la trame, on soulève la chaîne pour qu’elle ne s’emmêle pas.
Quand une maison ne peut contenir un long " haouli ", on fait l’ourdissage au moyen de trois piquets de fer, un au milieu, un de ci, un de là . Une femme monte la chaîne sur deux piquets, une autre jette la pelote au milieu.

Préparation de la trame
a) Cardage
Les femmes prennent maintenant les bouts de laine tombés du peigne, elles les cardent et en font des " barbes " (rouleaux fins).(Tmchit)
La carde est toujours garnie de laine, on ne la laisse jamais sans rien. On dit que si on la laissait vide, cela ferait proférer par la carde des imprécations comme : " Ils m’ont laissée nue, ô Dieu, laisse-les nus. "
b) Filage
Les femmes filent au moyen d’un grand fuseau et d’un plat (de terre cuite servant de couette ou crapaudine sur laquelle pivote le fuseau tournant). Quand elles ont un bon tas de trame, elles le défont pour en faire un écheveau. Plusieurs de ces dernières sont attachées ensemble au moyen d’un fils de chaîne.
c) Lavage
Elles les emportent à l’oasis, les mettent dans le bassin-lavoir et y ajoutent de l’argile, puis elles les mettent dans le grand bassin. Enfin elles les attachent dans le petit bassin déversoir au montant du cylindre (sur lequel glisse la corde de traction du seau de cuir de puisage). Le seau de cuir se renverse et déverse son eau sur les écheveaux pour qu’ils s’ouvrent, se purifient, s’étirent et que disparaissent les " enflures ".
Quand elle lave la trame, la femme invoque le nom de Dieu, en disant : " Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux ! " Cela afin que le Seigneur des Mondes apporte bénédiction.
On suspend les écheveaux à un fil de fer ou sur un poteau, ou encore sur une corde afin qu’ils sèchent.
d) Blanchissage
Si c’est de la trame blanche, on la blanchit dans un grand plat avec de l’eau et du plâtre, du détergent, un peu de bleu à linge pour qu’elle ne s’effiloche pas et qu’elle devienne mince et solide.
On la fait bien sécher au soleil. On la prend, on la porte dans la maison et on ouvre les petites pelotes molles (c’est-à-dire on en fait de petites pelotes de duites pour tisser).
Quiconque veut bien soigner le travail d’un burnous triera la trame après blanchissage, il en enlèvera les petits fils de couleur provenant de vêtements, les poils, afin qu’il soit soigné et blanc comme agneau.
Quand on a fini d’ouvrir les petites pelotes molles, on les met dans un sac et on les porte au métier à tisser.
Le plâtre vient de pierres qu’on trouve au fond d’un puits lors d’un forage, ou bien qu’on prend sur une colline où se trouve une carrière de cette pierre. On la cuit au feu de cuisine que cela devienne comme de la chaux.
C’est blanc une fois cuit. Ce n’est pas de la chaux et son nom est " Zabs " (sorte de plâtre). On le pile, on le pulvérise, on le tamise, on en fait des ponçoirs de plâtre. On commence à en blanchir la trame ou à en frotter le tissage blanc, quand il est tissé.
Actuellement, ces années-ci, depuis qu’il existe du savon, les gens blanchissent peu au plâtre (4).

Montage du métier
Lorsqu’on monte sur le métier une pièce de vêtement ou de literie, on appelle la parenté, les voisins et l’on offre le " Guermech-Kelila-Lablabi – Tmar".
La " Guermech-Kelila-Lablabi – Tmar" est un composé de fèves grillées, de miettes de fromage dur, de petits pois grillés, de dattes muscades, des sucreries- Un morceau de viande séchée de l’année d’avant est posé par dessus le tout. On met cela dans un couffin ou sur un plateau.
Si les femmes tissent un vêtement pour le marché, il n’y a pas d’offrande. On appelle les voisins pour monter le métier. On montera aussi le métier chez les voisins une autre fois. Les femmes s’entraident. Ce n’est pas un prêt, c’est un service entre voisins.
Les femmes mettent les deux ensouples par terre, une ici, l’autre là. Deux femmes s’assoient sur l’ensouple inférieure et deux tiennent l’ensouple supérieure. Elles introduisent les roseaux : le roseau d’en bas avec une ficelle contre l’ensouple inférieure, le roseau d’en haut avec la baguette du haut.
Vient alors une femme qui abaisse le roseau du haut. Elle l’abaisse prés du roseau du bas, une largeur de main entre les deux roseaux, et l’entrecroisement se fait entre eux deux.
La femme fait vibrer (du bout des doigts, comme qui fait vibrer les cordes d’une guitare), la natte de chaîne, elle la pince, prend un gros fuseau qu’elle fait passer sur la largeur du tissage entre les roseaux là où se trouve l’entrecroisement. Celles d’en haut (les femmes qui soutiennent l’ensouple supérieure) secouent fort.
Entrent les femmes de la parenté ou des voisins, la nappe de chaîne est déjà étendue.
Quand sont rassemblées les femmes à la maison, elles commencent à faire tourner à la ronde le couffin de l’offrande avec des cendres et du sel au-dessus du tissage encore non monté et simplement posé : c’est un augure, afin que Dieu fasse réussir le tissage. Elles les font tourner sept fois (en comptant). Elles se mettent à enrouler la nappe de chaîne sur l’ensouple supérieure. Chaque tour est appelé " renversement ". Chaque femme saisit en paquets (les fils de chaîne) de son coté pour que se place bien la nappe de chaîne. Les montants (du métier) sont attachés aux tenants avec des cordes. Quand elles ont fini l’enroulage elles suspendent l’ensouple supérieure aux montants et l’attachent avec de fortes cordes. Cette (l’ensouple) d’en bas est posée à terre. Elles appuient sur la barre de tension qui est attachée avec une corde. Cette barre tient par un anneau maçonné dans le sol. On met du côté droit la barre de tension pour maintenir le tissage. Du côté gauche l’ensouple est maintenue par un piquet de fer planté dans le montant afin que la nappe de chaîne soit bien tendue.
Vient une femme très travailleuse, très adroite, forte et avisée. Elle fait tourner l’ensouple inférieure en disant : " Tiens, voici ta chaîne ‘. Tiens, voici ta trame ! " afin que (le métier) soit satisfait, qu’il n’ait faim ni de trame ni de chaîne. C’est une parole d’augure. Cette femme, d’ailleurs, doit bien manger et bien remplir son ventre de nourriture afin que le métier soit rassasié.
(La femme) monte sur l’ensouple (inférieure), y met les pieds doucement pour éviter la casse et que (l’ensouple) reste d’aplomb. Elle appuie en poussant des youyous : c’est là un augure afin que le tissage avance rapidement.
On l’encense avec un encens spécial contre le mauvais œil. Cet encens contient nombre d’ingrédients rassemblés dans une boutique de droguerie (Tbakhir), afin que le tissage ne soit pas objet de jettature.
On dispose de la cendre et du sel en trois petits tas sous l’ensemble pour qu’il n’arrive pas de mal au métier. Elles lui disent en arabe :" "O esprits présents, dites à ceux qui sont absents (que) si nous faisons mal, prenez votre rétribution ! " Cette cendre et ce sel c’est la semoule sucrée des gens de l’Au-delà, des esprits, pour qu’ils ne nuisent pas, qu’ils épargnent le tissage et qu’il ne s’embrouille pas.
On commence à offrir une petite poignée de cet amuse-gueule aux personnes présentes : c’est une distribution pieuse pour que soit bien monté et solidement le métier.
Les femmes s’en vont en prononçant des invocations, disant : " Paix ! Que Dieu vous aide, qu’il vous accorde santé et qu’il rende prospère en considération (du tissage) ! "
Elles en arrivent à s’entraider : " Quiconque qui doit à une maîtresse de maison et se trouve nécessiteuse vient travailler à son tissage de ses mains (de son bras). Quiconque n’est pas nécessiteuse préparera un plat de couscous ou de la galette fourrée, ou bien elle apportera des œufs ou du thé avec du pain.
Cela c’est l’entraide : " Tu m’aides, je t’aide ". Et elles formulent des souhaits.
12. – Montage de la lisse
Les femmes commencent à monter la lisse avec une pelote de fil de lisse. Chaque fil de chaîne est traité : un fil devant la nappe est monté (c’est-à-dire enfilé dans une boucle de lisse), un de derrière est écarté jusqu’à la fin du montage.
Les lisières sont dites ( palmiers de tissage). Ceux de devant sont de quatre fils de chaîne, ceux de derrière de deux fils.
La cordelette qui relie (le fils de chaîne) à la tringle est appelée " Jabada " (cordelette tendeur des boucles de lisse), on monte la lisse sur elle Quand on a fini le montage de la lisse, on retire le roseau inférieur et on l’introduit dans la nappe de chaîne, on l’attache par une cordelette à l’ensouple supérieure. On retire le roseau qui est avec la tringle de lisse, on l’introduit dans la nappe et on commence à faire monter et descendre.
Pour qui ne sait pas monter la lisse d’un tissage, vient une femme qui se tient en dehors et qui se met à lui faire saisir les fils de chaîne (pendant) que la femme (qui a besoin d’aide) monte la lisse (c’est-à-dire fait la boucle avec la cordelette de lisse autour d’un fils sur deux de la chaîne et le relie à la tringle par la " Jabada "), afin de bien apprendre. Cela s’appelle " action de faire saisir ".
Au mur en face duquel est le métier sont des tirants de corde qui tirent (et tendent) le tissage.
Les femmes s’assoient au milieu du tissage (et derrière) et elles se mettent à tisser avec le peigne de fer. (Kardache)

Tissage
(Les femmes) prennent de petites pelotes molles du duites de trame et commencent le tissage, quand elles abaissent le roseau. La première duite est doublée. A chaque duite elles lèvent puis baissent le roseau.
Quand elles baissent le roseau, elles font vibrer du bout des doigts la nappe pour quelle reste bien ouverte (pas de fils emmêlés) et qu’elles puissent faire passer la duite. A chaque duite elles font vibrer ainsi, (car) il peut arriver que le tissage se ferme (3 ou plusieurs fils s’emmêlent), cela forme des franges ou des déplacements (Si la duite s’échappe au dehors de trois fils de chaine, c’est un déplacement, glissement). Le tissage n’est pas un travail toujours le même : il y a des tissages que l’on tasse bien avec le peigne de fer, il y en a d’autres qu’on ne tasse pas beaucoup. Un tissage tassé c’est le burnous, le cachabia, le tapis-teinture ras, le tapis, le coussin, le grand tapis de couchage. Un tissage moyennement tassé, c’est la tunique.
Quiconque a mauvais travail laisse des interstices (des endroits non tassés, à jours) ou bien des endroits trop tassés.
Quand une femme tisse, il se produit des " gerçures de tissage " sur ses mains. Quelqu’un veut-il que ne lui vienne des gerçures, il se lave les mains au savon et les essuie avec une serviette, puis les frotte avec de l’eau de citron.
Si quelqu’un veut faire provision de cette (eau de citron), qu’il presse une dizaine, ou une centaine, ou dix (citrons), qu’il les tamise bien et les fasse cuire. Quand cela a bouilli, il le pose à terre qu’il refroidisse, qu’il le verse enfin dans une bouteille propre et la ferme avec un bon bouchon.
Quand on s’est lavé les mains, on se les frotte avec cette eau de citron ainsi que la figure-, elles ne gerceront pas.
Quand un fil de la chaine se rompt, s’il se rompt en arrière et se noue sur le devant, il s’embrouille, cela forme une " reprise ou épissure ".
Deux femmes tissent sur les deux côtés. Lorsqu’une des deux se lève du tissage, qu’elle va faire la cuisine, prier ou accomplir quelque affaire, l’autre fait monter son
côté en laissant des brins (pendants du côté de sa compagne). Quand elle a monté beaucoup son côté, elle se lève et l’autre revient sur son côté qui se trouve être plus bas, elle tisse les brins pendants et égalise les côtés.
Sur les lisières du tissage il y a des tendeurs de fer qui tirent la nappe lissée vers les montants afin qu’elle garde bien sa largeur et ne se rétracte pas. Chaque largeur de main (de tissu fait) les femmes changent le tendeur. Ces tendeurs sont aussi appelés " pinces mordantes ".

Lissage
Quand la femme a tissé un enroulement, elle prend un lissoir fait d’un talon de palme, elle en frotte le tissu du côté intérieur. Elle passe au côté extérieur et lisse aussi du dehors : le tissage est ainsi mis au point, il est lisse.
Quand les gens lissent leur tissage, des brins de duvet en tombent : c’est de la laine inutilisable pour un travail. Quand on a réalisé un bon nombre de choses tissées qui ont produit des brins de duvet, on en fait pour les petits enfants des coussins sur lesquels on les couche. C’est un gain, cela vaut mieux mieux que de les jetter. C’est très moelleux.
Si c’est un tissage blanc, la femme le frotte encore avec le lissoir de plâtre. Elle taille les petits bouts qui dépassent avec des ciseaux et lisse le tissu. Les femmes font tourner l’ensouple inférieure vers le haut, elles tournent aussi l’ensouple supérieure de chaîne vers le bas : l’ensouple inférieure " mange " le tissu, la supérieure donne un tour ( de chaîne)

Coupe (ou enlèvement)
Quand le tissage est arrivé à son point extrême, c’est fini, il a atteint la marque de coupe- Les femmes chantent à son sujet.
Quand elles arrivent à la dernière duite, une femme lève le peigne de fer et en frappe les tendeurs,
Voilà le tissage terminé. La femme prenant les ciseaux taille l’objet (euphémisme pour " tissage " afin de conjuguer le mauvais œil). Quand il ne reste que le dernier palmier (lisière), elle dit : " Dieu est plus grand, grand ! " et elle taille.
Se dirigeant vers l’ensouple supérieure (la femme) commence par dénouer la cordelette (qui tient la chaînette contre l’ensouple), puis elle dépose l’ensouple sur le sol.
La porte de la rue reste fermée, (la femme) ne laisse entrer personne pendant qu’elle coupe : pour elle c’est illicite. Si quelqu’un vient apportant une lourde charge et dit : " Ouvre la porte, je suis très chargé ! " elle tire trois fils de chaîne de la chaînette d’en haut et les coupe au-dessus de sa tête; l’autre peut entrer. C’est un augure, on dit que si quelqu’un entre pendant que l’ensouple supérieure n’est pas encore enlevée et que les fils de chaîne pendent, le maître de la maison mourra.
Les (femmes) prennent alors cet objet (le tissage), retendent à terre, le doublent, le recouvrent d’une pièce de toile et le placent sous une pierre large dite " dalle ", ou une meule, pour qu’il se pose bien.
Quand on porte le tissage au marché, (la femme) qui a tissé prend de l’écorce de noyer, la met dans sa bouche et crache un peu de salive teintée de noyer dans sa main qu’elle passe sur le tissage en disant : " Mouche-le (enlève-le), ô Dieu, de par toi-même, fais lui produire beaucoup d’argent, tu m’annonceras la bonne nouvelle ! " C’est un augure, afin que le tissage soit chaud comme l’écorce de noyer (excite l’acheteur) et rapporte beaucoup d’argent.
Les fils de chaîne qui restent s’appellent " chaînette ". Les femmes les nouent entre eux, en font une pelote. Après plusieurs tissages on prend la pelote de bouts noués et on en fait un petit objet (tissage) pour bébé, qui sera vendu au marché. Ou bien on les teint, on en attache la chevelure, on s’en sert pour coudre au lieu de fil (industriel), ou on les teint et on s’en sert pour broder de petites corbeilles et de petits couffins, ou bien on en fait des pompons pour ceintures de femmes.
Celle qui réalise un bon travail pour vêtement, qui a fait un travail bien au point, gagnera la moitié d’une fortune pour elle-même.

16. – Le Fil d’entre les montants
Les femmes mettent une corde entre les montants en haut du métier, elles y suspendent une calebasse avec de menus objets pour repousser le mauvais oeil loin du tissage : un lissoir en plâtre du premier jour du mois de Mouharrem, une pièce de gros sac (pièce noire, grand sac dont on charge les chameaux), un morceau de drap noir enveloppant des pépins de courge d’été, une balle de plomb écrasée aplatie largement et que l’on a portée à un lettré qui y a écrit des formules contre le mauvais œil des gens, une cosse de fèves contenant cinq fèves, une patte de chacal, du poil de chacal, du poil d’hyène, un crâne de gazelle, un caillou percé, cinq cauris recouverts de cuir fin et liés ensemble, une patte de chat, une patte de chien, un sabot de bête de somme, une queue de mouton de la Fête, une queue de bouc de la Fête. De plus, on met un nouet contenant de la cendre et du sel, du coriandre, du laurier-rose, du " tebtil " (boule d’aromate contre les enchantements) et du " fassoukh " (idem). On suspend aussi une amulette écrite du Coran avec ces menus objets.
17. – Filage court pour trame
Si la laine des toisons est courte, la femme en fait deux parts, elle la carde et en file du fil de trame beau, fin et sans renfiures, sans minceurs. Elle le retord au fuseau, le travaille soigneusement au fuseau, en fait une pelote qui porte le nom de " Guillam " (fil court de trame) (Quand on utilise ce fil court pour un tissage) la chaîne de celui-ci est lâche et épaisse, c’est un procédé pour s’en tirer, c’est comme un couscous de blé auprès d’un couscous d’orge : l’orge c’est " Guillem " et le blé la chaîne.
18. – Filage doublé de chaine
La femme file deux ou trois fuseaux de fil court de trame, les tient ensemble, les met en pelote : au début il est filé à l’arabe, quand la femme veut en faire de l’" Mzouadj " (fil doublé de chaine) elle en tord trois fuseaux en sens inverse, c’est cela l’"Mzouadj ".
Les gens en confectionnent des ceintures de femmes, des parements de burnous, de " cachabia ", ils s’en servent pour coudre, ils en font de la chaine de tapis, de la grosse couverture longue ou courte, de la couverture-tapis, du tapis à brins (genre haute-laine), ils en font de la chaînette pour l’ourdissage, du fil de lisse. L’"Mzaouadj " est très utile dans le travail de la laine.
19. – Ceinture de femmes
La femme prend quatorze fils de chaine de " Mzouadj " et les tresse. Quand elle en a tressé un bon peu, cela devient comme des bandes étroites (rubans). Elle y met dix-sept tresses pendantes rouges et deux autres, une verte, une jaune sur les côtés.
On brode cela, on fait des " peignes " (plaquettes) de broderie jaune foncé; jaune datte, vert, blanc, rouge, violet. On brode quelques " peignes " entre lesquels on met un motif cylindrique, on y met des franges â pompons de soie ou de fils de trame.
20. – Chants (de tisseuses)
Les femmes, en travaillant la laine, tissant, peignant, cardant, filant, elles chantent des versets composés par elles-mêmes. Si elles sont deux ou trois, chacune chante.
Elles chantent des versets ou bien (des couplets dits) de Dame Jennana. Le genre Dame Jennana est particulier et celui des versets, particulier aussi. Lorsqu’une femme a sa mère loin d’elle, qu’elle a faim, qu’elle est nue, qu’elle se fait des idées dans sa tête, elle se met à chanter .
Les femmes Oasisiennes chantent de belles choses pour leurs jeunes femmes, de vilaines choses pour leur belle-famille. Chez la belle famille ii y a la belle-sœur, la belle-mère, le beau-père. La femme de leur fils ne les aime pas, elle voudrait une maison particulière où elle serait seule avec son mari. Quand le mari arrive des contrées lointaines, on avertit la bru : " Viens, reviens (chez nous car elle est chez ses parents en l’absence du mari) ton mari revient des contrées lointaines ". Elle leur répond : "Je ne reviendrai pas, faites-moi une maison à moi ", qu’elle y emmène son mari, qu’elle s’y nourrisse bien, s’habille bien et ne travaille pas.
21. – Le burnous
a) de grande taille
Le burnous de grande taille mesure huit coudées ou neuf de long. On ourdit le burnous à neuf ou dix coudées de long : huit coudées, c’est le burnous proprement dit; à la neuvième (coudée) on coupe, c’est le rétrécissement. Trois coudées et demie c’est l’aile du burnous, deux coudées c’est le capuchon. La largeur du capuchon, une coudée. La largeur du tissu trois coudées et demie. L’encolure, un empan, cela s’appelle pan supplémentaire.
b) de petite taille
II a sept coudées ou six de long, une aile de trois coudées, un capuchon de deux pieds. Dans sa largeur, ce burnous a trois coudées. Le capuchon a comme largeur an pied.
c) tissage du burnous
Une fois lavée la chaîne au savon, quand les gens montent le tissage, il est mesuré, on y laisse des marques noires à la suie de marmite, pour ne pas se tromper. Il y a quatre marques, à la quatrième c’est la coupe.
Un tissage comprend trois parties dans la largeur. On commence la partie que l’on tisse et (aussitôt) on se met à faire des augmentations. On fait cela sur deux parties, c’est-à-dire, qu’en glissant quatre duites, on fait augmentation de quatre fils de chaîne : deux devant, deux derrière, cela s’appelle des " restitutions " jusqu’à atteindre la lisière. Arrivé à la lisière, on tisse un empan rassemblé (sans restitutions). Si on tisse seul, on divise en trois zones (Si le tissage a une chaîne longue qui peut suffire pour qu’on y fasse un capuchon, on tissera un empan de pan supplémentaire). Si le tissage n’a pas une chaîne suffisante (en long) on tisse seulement la largeur d’un tendeur (10 cm) et on monte le capuchon (par après). Cette longueur d’un tendeur sera le pan supplémentaire.
On monte le capuchon, on tisse deux coudées. Quand on a fini le capuchon, on l’enroule sur l’ensouple. On tisse l’autre aile : ce qu’on a fait pour l’aile inférieure, on le fait pour l’aile supérieure. Si l’inférieure était lourde (longue et bien tassée), la supérieure devra de même être lourde. Si l’aile inférieure était légère, la supérieure devra de même être légére.
Qui tisse doit être avisé afin de ne pas " tordre " (faire tordu, mal faire) le burnous. La malfaçon est un défaut du burnous. Un burnous tordu (mal fait) ne rapporte pas d’argent.
Il y en a qui tissent des burnous à capuchon bien régulier, non tordu. Il y en a qui terminent leur tissage le cœur bouillonnant comme qui prépare de la galette fourrée : ils craignent qu’elle ne sorte pas en bonne forme.
Si l’on ne sait pas faire les augmentations, ni ajouter une capuchon, que l’on craigne de rater son burnous, on tissera rassemblé (sans restitutions) jusqu’à l’aile supérieure où l’on fera des diminutions et ainsi il n’y aura eu de restitutions que d’un côté. Il ne restera plus qu’à tailler l’aile inférieure (celle sans restitutions). Ce qui en tombe, c’est une pièce que l’on coudra en deux pour faire le capuchon. Il vaut mieux cela qu’un burnous raté.
Si l’on craint de rater et d’avoir de la difficulté (d’avoir un tissage) ou trop tendu ou trop lâche, on fait les augmentations et des diminutions et l’on termine (coupe) le burnous sans y laisser de capuchon, lequel sera tissé (seul) et cousu ensuite.
22. – Tentures couvertures
Ce sont des tentures sur lesquelles couchaient les gens autrefois Leur chaîne est du fil doublé filé au gros fuseau. Leur trame est très grosse, elle s’appelle " draf " ou grossissement.
Cette grosse trame a été cardée à la carde. On y emploie beaucoup de laine, on la tourne deux fois pour n’en faire qu’un rouleau (ou barbe). On la file au gros fuseau, on ne la tord pas trop ni on ne la laisse pas trop molle. On en fait de grosses pelotes et ensuite on les remet en gros écheveaux.
Lorsqu’une femme tisse, elle prend trois duites et à la quatrième elle fait des points noués comme en haute laine et elle tasse bien. Un point noué sur une tenture longue (nachra – Agda- Allaga) s’appelle boucle (ou tortillon).
La tenture courte (ktif) a trois coudées et demie ou quatre dans sa largeur. En longueur elle a six coudées ou huit. Elle est blanche, sans couleurs.
La tenture longue a huit coudées de long ou dix, quatre de large.
On teint un gros écheveau en vert, un en bleu-noir, un autre en rouge. Dans une première moitié on tisse des bandes ou raies de couleur ; la première verte, la deuxième rouge, la troisième bleue. On commence par tisser la blanche et jusqu’à la dernière raie on tissera de même les bandes de couleur (les deux moitiés ont. les mêmes raies de couleur, mais en ordre inverse).
Quand on veut tisser une tenture couverture longue (nachra) pour une fille, on amène une femme chanceuse, travailleuse qui leur met en train la tenture. La duite on l’oint d’huile et de plâtre, de henné et de fenouil, et elle chante à son sujet :
" ? Dame, et Dame, Dame !
" ? la parfaite des filles ! ? la parfaite, la gâtée !
" Ton père t’a fait faire une " nachra " bleue et verte,
" Ton père t’a fait une chambre haute entre les arcades,
" II t’a mis dans sa chambre haute avec des " nachra " et des " ktif".
" II a étendu pour toi des grosses nattes et t’a allumé des lampes.
" ? la renommée parmi les filles, ô maman. Dame et Dame !
Elles tissent une largeur de main en blanc afin que les jours soient blancs (heureux). Elles passent aux bandes de couleur et tissent une largeur de main sans boucle (tortillon), puis se mettent à faire des boucles : une duite sans boucle, une duite avec boucle, jusqu’à la fin. La " nachra " devient épaisse et moelleuse comme un matelas.
Quand on ourdit un tissage chez les voisins et que se couche le soleil (quand on est encore) chez les voisins, on n’emporte pas (le tissage) on le laisse passer la nuit-là.
On dit encore que l’ensouple ne doit pas passer la porte après le coucher du soleil. Si son propriétaire veut l’emporter, il monte à la terrasse, lance (le tissage) d’en haut dans la rue, puis l’emporte.
23. – Teinture du temps jadis
La teinture d’autrefois tenait bien (avait de la suite) : elle ne passait jamais jusqu’à ce que ce soit coupé, que se déchire l’objet tissé.
a) Teinture en noir
On prend un quart de mesure d’écorce de grenade pilée. on la jette dans l’eau chaude. Un jour entier elle trempe avec les écheveaux de trame (à teindre).
Le lendemain on la met sur le feu et on fait bouillir jusqu’à ce que l’ écorce de grenade s’émiette comme de la viande en morceaux et fonde dans l’eau par ebullition : on sait alors que ces teint.
On enlève la trame de l’eau, on la secoue bien. On prend cette eau qui est dans le chaudron et on la passe à travers un couffin, l’écorce de grenade reste dans le couffin et l’eau reste propre et jaune, la irame est jaune.
On pile du sulfate de fer (cinquante grammes en petits blocs verts) qui sent (mauvais) un peu. On jette dans l’eau chaude l’écorce de grenade et on y met la trame. On entretient le feu, on tourne au moyen d’un bâton de tension, que cela devienne bien noir Pendant environ trois heures cela doit cuire, puis on le retire.
On l’emporte a l’oasis où on la lave très bien avec de l’argile de lavage.
b) Teinture noire d’indigo; bleu-noir
II y a une teinture noire qui apparait un peu bleue, son nom est indigo ou bleu-noir.
On prend la trame, on la lave bien avec de l’argile. On y ajoute du henné complet et de la garance pilée, on y jetie un peu de chaux blanche (demi-livre de henné pour quatre gros écheveaux, cent grammes de chaux, une pincée de garance, trente grammes). La trame va cuire là dedans une heure. On sort ensuite la trame, on la secoue pour qu’en tombe toute saleté. On tamise l’eau à travers un couffin, qu’elle reste pure. On y ajoute un peu de henné nouveau et une pincée de chaux, moins que précédemment.
On achète l’indigo (un quart de livre), on le pulvérise dans un mortier et on le jette dans l’eau de teinture chaude.
On chauffe encore un peu, selon ce que votre main peut supporter. On y jette la trame, on la couvre avec un châle noir pour qu’il ne voie que l’obscurité. Les femmes la frappent de leurs doigts en disant : " Jeune mariée ! Jeune mariée ! Jeune mariée ! " C’est un présage afin que la teinture soit bonne. La teinture commence à prendre. On la laisse ainsi dix minutes.
On la découvre, on retire la trame et on l’ètend pour la faire refroidir. On va chauffer de l’eau dans laquelle on la replonge. On procède ainsi à trois reprises. Cela se met à écumer. Quand cela fait de l’écume, c’est teint.
Cette teinture indigo demande qu’on fasse chauffer et refroidir trois fois en la sortant du chaudron et en l’y remettant. Il ne faut pas faire bouillir, la teinture ne prendrait pas. On lave bien (ensuite la trame) à l’oasis.
c) Teinture en rouge
On prend la trame et on la jette dans une bassine où l’on met beaucoup de chaux, on y verse de l’eau, on recouvre et on la laisse cinq jours dans la chaux qu’elle s’en imprègne bien. On la retire ensuite et on la lave bien.
On pile de la laque (Smac, sorte de résine), on la tamise, on la jette dans un petit chaudron, on l’y laisse deux jours et on en enlève la crasse (qui surnage). On prend la trame et on la met dans l’eau avec de l’alun, puis on fait cuire On l’enlève ensuite et on lui jette de la laque du teinturier. On y jette aussi beaucoup de carmin pilé avec un bois particulier dit lârna (Debagh), seulement un peu, (Lârna est une sorte de bois : on le pile, on le met dans l’eau chaude, ensuite on jette lârna, on en prend l’eau rouge afin que la trame vienne d’un beau jaune, parce que la laque teint en rouge, le carmin teint en rouge allant sur le sombre, làrna jaunit un peu et donne un beau lustre jaune à cette trame).
On met la trame à bouillir dans un chaudron, qu’elle cuise. On l’agite avec un bâton de tension sans arrêt de peur que ne se forment des endroits (mal teints). On fait cuire jusqu’à ce qu’on arrive, en prenant la trame dans les mains, qu’on trouve l’eau limpide, sans crasse (environ deux heures). A ce moment-là, la trame est bien cuite, et teinte.
On étend (la trame), mais non au soleil, parce que le soleil fait noircir, cela ne convient pas pour la laque. Elle sèche, on l’emporte alors à l’oasis, on la lave bien.
Pour trois gros écheveaux, on met un kilo de laque, une livre de carmin, un quart de livre d’alun.
Quand les gens veulent teindre à la laque, ils y joignent de la viande rouge (saignante) taillée en trois morceaux. La femme en met un peu sur chaque pierre du foyer : aux trois pierres elle met un tout petit peu de viande, en disant : " Apporte ta prospérité, sinon je te brise ! " Quand cette viande est cuite, on la prend, on en jette un peu dans le feu pour les gens de l’Au delà. Ce qui en reste on le partage et on l’offre aux gens en distribution pieuse.
Quand on veut teindre en indigo, on achète du foie, on le coupe en trois morceaux que l’on place sur les pierres du foyer. Quand ils sont cuits, on les donne aux gens en distribution pieuse et on en jette un peu pour les gens de l’Au delà afin que soit réussie la teinture. C’est pour eux un présage : le foie pour l’indigo afin qu’il soit foncé comme le foie; la viande rouge pour la laque, afin qu’elle soit rouge.
La poudre de laque est mise dans une casserole, on la chauffe qu’elle fonde et devienne comme de l’eau. La femme en prendra dans sa main, en met dans l’eau froide et commerce à en enlever. Elle se met à amasser en se hâtant, en en mettant dans un petit plat. Elle y met de l’huile de celui dont elle se frotte la tête. Elle en confectionne une écuelle dans laquelle mangera son bébé, et elle en fait une amulette. Cette amulette elle la porte à un lettré qui y écrit afin que Dieu favorise. Elle chauffe la poudre de laque, la met dans un petit cylindre percé au moyen d’une grosse aiguille et la suspend au collier de son enfant avec des perles : c’est un présage afin que Dieu favorise cet enfant.
d) Teinture en vert
On prend la trame, on y joint de l’agaric pilé avec de l’alun, on fait bien cuire, on fait bouillir le tout. On la retire, on l’étend pour qu’elle refroidisse. On y ajoute un peu de chaux, un peu d’indigo, une pincée de henné en feuilles, une pincée d’ècorce de grenade pour qu’elle devienne vert olive. On commence à faire chauffer l’eau dans laquelle on jette la trame. Elle y reste dix minutes dans l’eau, on l’enlève, on la presse bien, puis on l’étend. mais non au soleil, qu’elle refroidisse. On fait chauffer l’eau autant qu’on puisse y plonger la main et on remet la trame deux fois dans cette eau. On la recouvre avec un voile de tète vert et on la laisse là sans la toucher (qu’elle dorme) du matin au soir : c’est un présage.
Le soir on enlève, on trouve l’eau verte. On lave bien (la trame) à l’oasis. (On met une livre d’agaric pour trois gros écheveaux).
e) Jaune vif
On jette de la " tarjejji ", une demi-livre de tarjejji (Laoud Lasfar) pour trois écheveaux avec une poignée d’écorce de grenade pilée. Dès le matin on fait chauffer l’eau dans un chaudron, qu’elle soit bouillante. On y jette de la " tarjejji " et de l’écorce de grenade, qu’elles y restent un jour entier et qu’on en sorte la crasse (qui surnage). Quand le chaudron est refroidi, on allume le feu jusqu’au soir vers les trois heures du soir (à l’heure de la prière). On prend un couffin, on y tamise l’eau afin qu’elle soit limpide. On prend la trame très blanche, très propre. On l’y fait bouillir deux heures. Quand cela bout, on commence à l’agiter avec le bâton de tension pour que ne se forme pas des endroits mal peints, que la teinture soit bien uniforme.
f) Jaune-orange
Cette teinture se fait avec de la " tarjejji ". On met une part de " tarjejji " et une de garance avec de l’alun : on met une complète demi-livre de " tarjejji " et une demi-livre de garance pour trois gros écheveaux. On les pile.
On les jette dans l’eau, on les fait cuire dans un chaudron, dans de l’eau tamisée à travers un couffin. On joint un peu de racine lama et un peu d’écorce de grenade pour donner du lustre. On y jette la trame et on la pousse (dans l’eau) et on l’agite avec un bâton de tension. Quand elle a fini de cuire, on retire la trame : elle est teinte.
g) Violet-noir
Quand on veut teindre de la trame en violet comme de l’encre (d’écolier) on se sert d’indigo. On y ajoute un peu de chaux, un peu de henné, un peu d’indigo, rien qu’un peu. On la teint à froid sans faire bouillir. On la remet deux ou trois fois sans la laisser trop séjourner dans l’eau de peur qu’elle noircisse.
h) Bleu-ciel et rose
Ce sont là toutes couleurs d’autrefois. On faisait aussi jadis de la teinture bleu-ciel et rose pour les tuniques " de bleu ", pour les tapis, les tapis-couche, les coussins.
On teint en bleu-ciel avec de l’indigo. On ne fait qu’un seul trempage et la trame devient bleu-ciel clair.
On teint en rose avec de la belle-de-nuit, des boutons de grenadier : deux parts de belle-de-nuit, une de boutons de grenadier.
On cueille la belle-la-nuit quand elle est épanouie, le soir. On la ramasse et on la met à sécher, on la pile, on la pulvérise comme farine.
On pile les boutons de grenadier, on les réduit en farine, on la met dans un chaudron avec de la belle-de-nuit. Quand l’eau est chaude, on y jette la trame, on les fait cuire pendant une heure, on agite la trame pour éviter les endroits mal teints. Quand on voit que la trame est bien, on la retire et on la lave.
i) Teinture d’un burnous
On prend de la laine lavée, triée, sans brindilles, sans petites graines piquantes. On prend un kilo d’écorce de noyer, une livre de henné, une demi-livre de garance. On pile bien l’ecorce de noyer et la garance. On ne pile pas le henné. On jette le tout dans l’eau chaude, on fait tremper un jour entier. On retire et on met dans un sac de jute que l’on jette dans l’eau et Ton fait bien cuire.
On prend la laine, on la jette dans le chaudron avec cette écorce de grenade et cette eau. On fait bouillir la laine à souhait. On enlève le sac de teinture, on le met de côté, il n’y a pas de crasse (surnageant). La laine reste propre sans qu’on y trouve ni écorce de noyer, ni henné, ni garance.
On retire la laine du chaudron dans un couffin, l’eau de la laine va descendre. On y met une once de teinture contenant du noir à sourcils, un enduit noir et du rouge (en tout une once). On jette cela dans le chaudron, on agite bien avec un bâton et on y replonge la laine qui est dans le couffin.
On commence à faire du feu, on agite avec un bâton la laine puis, prélevant un flocon dans le chaudron, on le lave et on le trouve teint. On retire la laine dans le couffin qu’elle sèche. On refait un triage. On joint un kilo de poil de chameau dans cette eau, et lorsqu’on retire la laine, le (poil) est teint lui aussi. On y jette aussi de la chaîne déjà ourdie, c’est le burnous. On prend cette laine, on la met sur le peigne et on la mélange au poil de chameau, on la carde, on la file, on en fait six gros écheveaux. Cela sera lavé à l’oasis sans argile, simplement à l’eau. On la blanchit dans un grand plat avec quelques dattes et de la menthe pilées.
Un burnous cendré est celui dont la laine a été blanchie au plâtre et à la cendre avec du savon, de l’huile et des dattes. On l’essore et on rétend au soleil. On en tisse un burnous pour homme qu’on appelle " âbbassi ". Les arabes et les mozabites nécessiteux s’en revêtent, car il est bon marché et d’un travail facile.
Une femme, quand elle veut entreprendre de teindre, se remplit le ventre de nourriture afin que soit satisfaite la teinture, qu’elle n’ait pas faim. On en tire présage. Si elle ne mange pas, une autre femme lui dira : " Cours, mange d’abord de la nourriture, afin que n’ait pas faim ta teinture ". S’il arrive que soit déficiente sa teinture, (l’autre femme) lui dit : " Tu as teint en ayant faim, le ventre de ta teinture est grand ".
Les femmes qui travaillent la laine portent les noms suivants :

celle qui travaille les châles, brodeuse;
celle qui tresse les ceintures de femmes, tresseuse ;
la femme que les gens emploient pour teindre s’appelle la teinturière;
il y a une femme qui mesure les tissages pour les gens, son nom est ; celle qui a du bras ; la mesureuse ;
la femme appelée dessinatrice indique aux gens le dessin.
Elle se paye cher celle qui est dessinatrice, brodeuse, teinturière. Elles demandent beaucoup d’argent : une dessinatrice emporte quatre-vingt douros (400 F de 1947.) pour une coudée (il y a trois coudées dans la largeur pour un tapis, et le repas en plus.

Vêtement féminin
Un grand nombre de femmes portent la " Melhfa " (grande pièce sans couture) d’autres le " Haouli " (grand voile léger). Un grand nombre porte chaussures. Nombreuses celles qui portent un voile de tête ou un châle noir.
A l’heure actuelle les vêtements sont chers et l’on (en vient à) partager une " Melhfa " en deux tuniques pour pouvoir faire des changements.
Quiconque se fait des robes à festons comme celles des juives ou celles des femmes publiques, est mis à l’excommunication. En mettant une tunique droite, on évite l’excommunication.
Si une femme met une robe que son mari lui a porté, elle la met en cachette, dans sa chambre.
a) " Haouli "
Il a douze coudées. Dans la rue on se voile avec un " Haouli " blanc. Les (femmes) s’enveloppent dedans et ne laissent qu’un œil pour voir. A la maison elles enlèvent leur " Haouli ". Il y a Haouli rouge et Haouli blanc.
b) " Melhfa "
Elle a dix coudées de long et sa largeur est de quatre coudées. Elles l’agrafent avec des fibules, elles portent ceintures. Autrefois c’était obligatoire.
Elles doublent la " Melhfa " et y laissent une partie relâchée devant la poitrine, deux pans sur le côté droit : un pan (venant) de derrière, un de devant, le sein du côté gauche et le giron devant.
c) " jerbia – Staar – Rideau"
II y a la moyenne, de huit coudées de long, trois coudées de large. La grande " jerbia " a douze coudées de long, quatre de large. On s’en recouvre. Elle est épaisse.
La petite " jerbia ", on la met à une porte de chambre à coucher. Elle est mince. La " jerbia " à plusieurs couleurs : blanc, noir, rouge, vert, jaune vif, brun.
d) Tunique
On la porte à l’intérieur. Elle est cousue et a des manches. La " tunique " est une sorte de tunique.
e) Ceinture
Les femmes portent la ceinture tressée en laine. A l’heure actuelle les gens portent des ceintures jaunes, couleur de henné, vertes. On se ceint d’un foulard de soie, on porte des ceintures d’argent : chacune porte ceinture à son gré.
f) Bakhnoug
Les femmes portent un fichu sur les épaules pour se faire belles. (Il provient) de l’ensouple (c’est-à-dire il a été lissé sur un métier).
La " Bakhmar" est un fichu sur lequel est tissé une coudée de trame jaune, il est rouge en son milieu et sa chaîne est rouge. Il a un empan d’un côté de toutes couleurs. On en couvre le visage de la jeune

7natani haka n9olo

نفس التسمية بالنسبة الى الولاية التي اعيش فيها

نفس التسمية في سطيف

اقتباس:
المشاركة الأصلية كتبت بواسطة ناصرة الجيريا
يالنسيةللمنسج نطلق عليه اسم/السدية /باتنة و بعض ولايات الشرق اما بالنسية للادوات الاخري نفس التسمية

انا من تبسة ونقولوكيفكم منسج سداية والاقي نفسوالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيرياالجيريا الجيرياالجيريا

في منطقتنا نقولوا كيما هاد الأسامي

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