L’Algérie a une population très jeune, ce qui rend son secteur éducatif crucial, non seulement en tant que vecteur d’emploi mais également comme moyen d’étayer les efforts de diversification économique. Cependant, la hausse considérable du nombre de jeunes scolarisés exerce une pression de plus en plus accrue sur les ressources actuelles et les réformes passées ont eu bien du mal à faire face à l’augmentation de la demande. Par conséquent, le Ministère de l’Éducation Nationale cherche à appliquer une stratégie plus axée sur les consultations afin de renforcer le développement du secteur.
« Améliorer la qualité de l’enseignement en impliquant tous les acteurs clés est l’un des objectifs prioritaires du secteur de l’éducation, » a déclaré en septembre dernier le Ministre de l’Éducation Nationale Abdelatif Baba Ahmed. Pour cela, le gouvernement s’emploie à formaliser le dialogue non seulement avec les administrateurs locaux mais aussi avec les syndicats d’enseignants et les associations de parents d’élèves. En janvier 2024, une rencontre a réuni pour la première fois des responsables du ministère et de la Fédération Nationale des Associations de Parents d’Élèves afin de discuter des progrès de l’année scolaire 2024/2015.
Des consultations supplémentaires ont eu lieu entre février et avril 2024. Ces rencontres avec les acteurs du secteur, démarche jusqu’à présent relativement peu répandue dans les secteurs de l’éducation primaire et secondaire en Algérie, s’attacheront non seulement à solliciter une plus grande participation de la part des élèves et des étudiants, des parents, des enseignants et des personnels administratifs mais reviendront également sur les résultats des différents projets de réformes depuis leur mise en place- en particulier en termes de programmes, de formation des enseignants ainsi que de gestion et d’administration du secteur.
C’est à la commission nationale de réforme de l’éducation nationale, créée par le Président Abdelaziz Bouteflika à peine deux ans auparavant, que l’on doit les premières réformes de 2024, formulées dans le cadre d’une stratégie globale visant à améliorer la qualité de l’éducation en augmentant le niveau de qualification des enseignants et en modernisant les méthodes d’enseignement, les programmes scolaires et les manuels. Les réformes ont été étendues dans le cadre du Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance Économique 2024-2017 grâce à une augmentation des frais d’inscription dans les lycées et les établissements d’enseignement supérieur.
Lors du lancement de l’évaluation des réformes de 2024, Baba Ahmed a souligné explicitement que certains aspects de la réforme n’étaient pas négociables. Les résultats de cette évaluation et les commentaires qu’ils engendreront de la part des divers acteurs au sujet du processus et du rapport final permettront d’obtenir des estimations quant à l’amélioration possible de l’exécution des réformes et la mise en œuvre d’initiatives mieux ciblées.
En Algérie, les indicateurs généraux en matière d’éducation, notamment le taux global d’alphabétisation, se sont améliorés au cours des dix dernières années, mais le secteur s’est vu confronté à des défis de taille, comme une infrastructure inadaptée ou des ressources humaines limitées, incitant le gouvernement à fortement augmenter les dépenses publiques à destination du secteur. En 2024, l’Etat a alloué une enveloppe de 852 milliards de dinars (8,3 milliards d’euros) à un plan quinquennal d’investissement, la majeure partie destinée au financement de la construction de nouvelles écoles. Dans le cadre de cette stratégie, l’État envisage de construire 3000 écoles primaires supplémentaires ainsi que 1000 collèges afin d’accélérer la cadence en matière d’amélioration des infrastructures et de désengorger les classes surchargées.
L’examen ministériel intervient à un moment crucial, alors qu’une vague de nouveaux élèves sont arrivés sur les bancs de l’école secondaire à la rentrée 2024. Les réformes de 2024 avaient donné lieu à une réduction de la durée du cycle primaire, en conséquence de quoi des élèves de l’ancien système et du nouveau système arrivent à l’école secondaire la même année. Afin de faire face aux problèmes de capacité d’accueil, le Ministère de l’Éducation Nationale accorde une attention accrue aux projets de construction d’écoles, en collaboration avec les collectivités locales pour s’assurer de la bonne réalisation des projets nécessaires. Les inscriptions à l’école ont été multipliées par 5 au cours des 20 dernières années et 800 000 élèves supplémentaires sont attendus d’ici 2024, ce qui portera leur nombre à 2 millions.
Le Ministère de l’Éducation Nationale a également indiqué qu’il projetait de lancer une campagne de recrutement massif et de consacrer en priorité des ressources supplémentaires à la formation des enseignants déjà en poste. 11 500 enseignants supplémentaires ont par exemple été recrutés en août 2024 pour l’année scolaire 2024/2015, un dispositif qui concerne en particulier les écoles secondaires qui ont besoin de plus de 8000 enseignants pour des matières telles que les mathématiques, l’informatique, la physique, les langues et la philosophie.
Autre mesure d’amélioration de l’éducation primaire et secondaire, un projet d’établir une Commission Nationale des Programmes et un Conseil National de l’Éducation et de la Formation est en cours. Les deux organisations seraient séparées du Ministère de l’Éducation Nationale et auraient pour tâche d’émettre des critiques et des recommandations afin d’améliorer la formation et la qualité de l’enseignement.
Comment le système éducatif réussira, à terme, à faire face à un nombre croissant d’élèves arrivant dans le secondaire cette année, et est-ce que l’économie pourra absorber ces jeunes quand ils entreront sur le marché du travail, voilà ce qui constitue le véritable test pour un secteur éducatif algérien en transition, tant en termes de capacité que de qualité.